Chez nous, le refus de la science n’est jamais frontal. Nous préférons séparer la théorie et la pratique. Qu’il y ait quasi-unanimité à propos du réchauffement climatique ne nous empêche pas de ne rien entreprendre de conséquent. En santé publique, nos politiciens ont beau accepter le savoir scientifique, ils s’en tiennent à distance dans la plupart des enjeux. Eux aussi, en majorité, choisissent l’idéologie partisane plutôt que la raison.
Lors des débats récents sur le tabagisme passif ou sur la mobilité, par exemple, ils ont fait comme si la science n’existait pas, comme s’ils ne croyaient pas une ligne des études montrant la toxicité de la fumée ou des particules fines. Bien sûr, un savoir scientifique ne détermine pas ipso facto une conduite politique. Mais nous avons vu, dans ces débats, la classe politique nier la science, argumenter de façon irrationnelle au prétexte de suivre le «bon sens», et utiliser à la légère des valeurs comme la liberté individuelle pour refuser de prendre en compte des données qui la dérangeait. Et nous avons suivi.
Les Parties reconnaissent qu'il est clairement établi, sur des bases scientifiques, que l'exposition à la fumée du tabac entraîne la maladie, l'incapacité et la mort.
Nous avons découvert le lien entre le tabagisme et le cancer du poumon en 1950, mais l'industrie du tabac s'est obstinée pendant des dizaines d'années à prétendre que nos résultats ne justifiaient pas notre conclusion.
Pas plus tard qu'en 2003, une compagnie de tabac britannique prétendait ignorer que le tabagisme provoque le cancer du poumon. Maintenant, les compagnies de tabac utilisent les mêmes techniques pour saboter les conclusions établissant que la fumée passive est la cause de maladies fatales.
Les preuves sont pourtant claires. En tant que citoyen responsable, je crois qu'aucune personne ne devrait travailler dans une atmosphère polluée par la fumée de tabac des autres personnes.
L'air ambiant que nous respirons est notre bien commun. Comme l'eau que nous buvons, il est essentiel à la vie. Nul n'a le droit de se l'approprier pour en faire sa poubelle et y déverser les déchets toxiques de son addiction au tabac.