Il apparaît que les taux de réussite de sevrage à 6 mois sous placebo dans des essais randomisés sont de 47% pour la cocaïne, 44% pour les opiacés, 18% pour l’alcool et seulement 8% pour la nicotine.
La dépendance à la nicotine est une de celles - si ce n’est celle - qui s’installe le plus rapidement chez l’adolescent à partir de la consommation irrégulière de quelques cigarettes. A l’autre extrémité de la vie d’un fumeur se pose la question de la difficulté à se débarrasser de cette addiction.
Robert A. Moore et Henri-Jean Aubin montrent dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health qu’arrêter de consommer de la nicotine est beaucoup plus dur qu’arrêter l’alcool, les opiacés ou la cocaïne. A cette fin ceux-ci ont étudié 28 revues et méta-analyses correspondant à des essais cliniques randomisés ou quasi-randomisés avec mesure objective de l’abstinence au décours d’un suivi de six mois.
Ont été comparés les sevrages réussis par les sujets enrôlés dans les bras placebo de ces différents essais c’est-à-dire ceux n’ayant pas bénéficié d’un traitement actif. Ces patients « placebo » correspondaient donc à des sujets qui souhaitaient se débarrasser de leur dépendance à la nicotine ou à l’alcool, à la cocaïne ou aux opiacés et le faisaient en l’absence de toute aide hormis la participation à un protocole randomisé.
Il apparaît que les taux de réussite de sevrage à 6 mois sous placebo dans des essais randomisés sont de 47% pour la cocaïne, 44% pour les opiacés, 18% pour l’alcool et seulement 8% pour la nicotine.
Cette publication confirme le pouvoir addictif majeur de la nicotine celui-ci étant aggravé par l’ajout d’ammoniaque par les industriels du tabac. Ceci justifie :
l’intérêt de la formation des personnels de santé dans ce domaine spécifique et de la création dans les hôpitaux de structures dédiées au traitement de la dépendance au tabac, ou à leur renforcement lorsqu'elles existent, sachant que plus d'un Suisse sur quatre est fumeur et que la prise en charge spécifique de la dépendance au tabac par des médecins compétents multiplie par 2 les chances de réussite d’un arrêt ;
la nécessité impérieuse du remboursement des traitements de la dépendance au tabac par l'assurance de base, au même titre que ceux de la dépendance aux opiacés ;
l’investissement majeur souhaitable des politiques et de la société dans le contrôle du tabac pour prévenir l’initiation.
Réf. : Robert A. Moore, Henri-jean Aubin. Do placebo response rates from cessation trials inform on strength of addictions? – Int.J. Environ. Res. Public Health 2012, 9: 192-211. (Télécharger l'article)
(Le présent article est une adaptation d'un article publié sur le site du Comité national contre le tabagisme (CNCT, France) - avec nos remerciements.)
(pad/12.11.2012)