Pour célébrer un heureux événement, j'ai
décidé d'inviter ma compagne à un dîner gastronomique.
J'ai réservé une table dans un bon restaurant de la région.
Le soir du repas, lorsque nous arrivons, la salle très accueillante
est déjà presque pleine, sauf la table jouxtant la notre,
qui est réservée. Nous nous installons, commandons le menu
Dégustation accompagné de vins que nous choisissons
avec soin.
Nous en sommes au premier plat quand le couple qui avait réservé
la table d'à coté arrive à son tour. Leur premier
geste est de poser chacun son paquet de cigarettes et son briquet sur la
table. A peine assis et de façon parfaitement synchronisée,
ils extraient de leurs paquets une première cigarette qu'ils allument
sans attendre. Nous sommes rapidement enveloppés dans d'épaisses
volutes. Et ce n'est malheureusement qu'un début.
Tout au long du repas, le couple allumera cigarette sur cigarette,
en une chaîne à peine interrompue par l'arrivée des
plats. La fumée m' incommode particulièrement et me fait
tousser - les fumeurs n'y prêtent aucune attention. Ma compagne,
qui porte des lentilles de contact, a les yeux de plus en plus irrités.
L'odeur âcre de la fumée envahit tout. Les plats et le vin
n'ont plus le même goût : l'enchantement s'estompe. Je pense
un instant protester auprès du garçon, mais n'en fais rien.
Après tout, fumer n'est pas interdit, et mes protestations seraient
mal reçues.
Nous abrégons le repas et demandons l'addition en renonçant
au dessert, qui semblait pourtant délicieux. Notre plus cher souhait
est de nous extraire aussi rapidement que possible de cette atmosphère
irrespirable. Lorsque nous rentrons chez nous, tous nos vêtements
sont imprégnés d'une odeur tenace de fumée que seul
un passage au pressing pourra faire disparaître.
Je suis furieux : cette soirée, qui aurait du être merveilleuse,
a été totalement gâchée.
André P., Genève, janvier 2001
(Témoignage t01-001 - janvier 2001)