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« Pour une Suisse romande où il fait bon respirer »


Les Genevois plébiscitent l'initiative populaire Fumée passive et santé

Le dimanche 24 février 2008, les citoyens genevois, à près de 80% (79.16% exactement), ont plébiscité l'inititiave populaire constitutionnelle « Fumée passive et santé » (IN129). C'est un résultat historique, digne du statut de « capitale mondiale de la santé publique » de notre ville. Par ce vote franc et massif - le taux de participation de 61,6% est inégalé au niveau des enjeux cantonaux depuis des dizaines d'années - les Genevois ont indiqué qu'ils voulaient tourner la page des établissements publics enfumés et ont clairement affirmé leur droit à un air respirable dans tous les lieux publics intérieurs ou fermés, y compris les restaurants, bars, discothèques et autres lieux de vie nocturne. Les travailleurs, et les gérants, de ces établissements auront aussi, et enfin, le droit d'exercer leur métier dans une atmosphère non toxique : ils n'auront plus à sacrifier leur santé pour gagner leur vie.

Certes, il faudra attendre encore un peu, avant que ce vote se transforme en réalité. Le Conseil d'État genevois a indiqué qu'il préparait un règlement qui permettra de mettre en place l'interdiction de fumer dans les lieux publics d'ici l'été 2008, en attendant qu'une loi d'application soit élaborée et adoptée par le Grand Conseil. Il reste qu'en inscrivant dans la constitution cantonale un article qui entérine le principe de la protection de la population et des travailleurs contre l'exposition à la fumée de tabac, s'inspirant des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, les Genevois ont franchi une étape décisive, qui ne permet plus de retour en arrière. Nous devrons cependant rester vigilants pour que la future constitution genevoise, dont l'élaboration a reçu ce même dimanche l'aval des citoyens du canton, ne trahisse pas la volonté du peuple genevois. Le Comité d'initiative et les membres du Comité de soutien veilleront à ce que la rédaction de la nouvelle constitution ne puisse en aucune façon être utilisée par nos adversaires comme une opportunité de gommer l'article issu de l'initiative IN129 ou d'en affaiblir la portée.

Pour OxyRomandie, l'adoption de l'initiative « Fumée passive et santé » est la consécration d'une longue lutte, commencée il y a plus de 10 ans. En effet, en novembre 1997, Pascal Diethelm, de l'OMS, et Ruben Israel, de l'Union internationale contre le cancer (UICC), décidaient de créer une association qu'ils nommèrent OxyGenève et dont le but exclusif était de lutter contre le tabagisme passif. Leur slogan : « Pour une Genève où il fait bon respirer ». À cette époque, la lutte contre la fumée passive était considérée comme une extravagance importée des USA par des fanatiques antitabac (c'est l'image que l'industrie du tabac réussit à donner à ceux qui s'opposaient à ses intérêts). Le CIPRET-Genève essayait bien de promouvoir la notion de lieux de travail « sans fumée, mais pas sans fumeurs », avec cependant des résultats très mitigés. L'association OxyGenève fut officiellement constituée en septembre 2000, avec pour but « de promouvoir et de défendre le droit de tout individu de respirer un air pur dépourvu des composants toxiques contenus dans la fumée du tabac. » En 2004, l'association fut renommée OxyRomandie et son champ d'action étendu à toute la Suisse romande.

OxyRomandie a donc le sentiment d'avoir atteint l'objectif qu'elle s'était fixé à Genève. Naturellement, notre association ne revendique pas le mérite exclusif de la victoire : elle est simplement heureuse d'avoir pu y contribuer. Le résultat du 24 février est en fait l'aboutissement d'un formidable et exaltant travail d'équipe, où chacun a joué un rôle déterminant.

Il faut tout d'abord souligner l'apport des initiants, notamment Jean Barth et Roland Burkhard, qui ont déclenché tout le processus et l'ont piloté avec beaucoup de maîtrise jusqu'au succès final. Il y a aussi le CIPRET-Genève, son médecin responsable, le Dr Jean-Charles Rielle et son président, Jean-Luc Forni, qui ont créé et organisé, avec OxyRomandie, le Comité de soutien à l'initative, et à qui on doit les campagnes d'affichage sur les bus et les panneaux fixes (avec la bénédiction de la Direction générale de la santé). Le Dr Rielle a aussi agi en tant que relai médiatique et politique, avec beaucoup d'efficacité et de brio, donnant de l'envergure à son tout récent statut de conseiller national. Le Dr Michel Starobinski s'est fortement engagé, avec le groupement des oncologues genevois, en faveur de l'initiative. L'Association des médecins genevois (AMG) a mobilisé tous les spécialistes concernés par les effets du tabagisme passif, qui ont pris officiellemnt position en faveur de l'initiative. Il convient aussi de souligner l'engagement remarquable des associations de pharmaciens du canton de Genève, qui ont fait une belle affiche et une importance annonce dans la presse. L'Union internationale contre le cancer (UICC), la Ligue suisse contre le cancer et la Ligue genevoise contre le cancer ont appelé les citoyens à voter oui à l'initiative dans le cadre de leur campagne d'affichage organisée à l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer, le 4 février. L'assocation des employés de la restauration et de l'hôtellerie, Hotel & Gastro Union, a aussi soutenu activement l'initiative, prenant officiellement position en sa faveur.

Ajoutons le rôle joué par les tabacologues, le Dr Jean-Paul Humair, Corinne Wahl, et le Dr Rodrigo Tango, qui ont activement soutenu l'initiative, en prodiguant des conseils et en participant aux auditions des commissions du Grand Conseil, et qui se sont même impliqués dans la collecte des signatures. Il y a aussi tous ceux qui ont pris part aux débats publics et ont brillament défendu la cause de l'initiative : Jean Barth (Téléjournal, TSR), Pascal Diethelm (Genève à chaud, Léman Bleu et Téléjournal, TSR), Chritian Grobet (débat organisé par la Tribune de Genève, Uni Dufour - notons en passant que le texte de l'initiative a été rédigé par Me Grobet), Liliane Maury-Pasquier (Infrarouge, TSR) et Jean-Charles Rielle (Genève à chaud, Léman Bleu et Téléjournal, TSR).

Nous sommes aussi reconnaissants aux 50 députés du Grand Conseil (contre 29) qui ont soutenu l'initiative lors de la session du 20 septembre 2007 et ont refusé de lui opposer un contre projet, et en particulier à Christian Brunier, qui l'a défendue avec conviction et compétence devant ses pairs. Rendons aussi justice aux partis politiques qui se sont ralliés à l'initiative - c'est-à-dire presque la totalité des partis, puisqu'au final, un seul d'entre eux s'y est opposé, du bout des lèvres d'ailleurs, car c'est un tout petit « non » qui figurait sur les affiches de votation du Parti Libéral. Le Conseil d'État, et son chef, Pierre-François Unger,ont aussi contribué significativement à cette victoire, en produisant un rapport très complet et bien documenté scientifiquement sur la problématique du tabagisme passif et sur les mesures de protection, rapport qui a fourni aux députés une information objective et de grande qualité, et en soutenant avec force l'initiative devant le Grand Conseil. Le texte décrivant l'initiative IN129 dans la brochure explicative distribuée aux citoyens était aussi d'un niveau excellent.

On doit aussi souligner le travail des avocats qui ont produit des avis de droit remarquables : les professeurs Vincent Martenet et Etienne Grisel de l'Université de Lausanne, et Doris Vaterlaus, avocate mandatée par les initiants. Les médias (journaux, radio, télévision) ont aussi joué pleinement leur rôle, en disséminant tout au long de la campagne une information abondante et en règle générale de grande qualité, traitant de la question dans toutes ses dimensions, ce qui a permis à la population genevoise de se prononcer en pleine connaissance de cause.

Last but not least, le succès final n'aurait put avoir lieu sans les plus de 20'000 citoyens qui ont signé l'initiative.

Pour résumer, la victoire est plurielle, elle appartient à tous ceux que nous venons de désigner, et à d'autres que nous avons certainement oubliés - nous réclamons leur indulgence. C'est pour OxyRomandie un immense plaisir d'être en si bonne compagnie et de pouvoir partager ce triomphe avec autant de personnes.

Le résultat genevois démontre, si besoin était, que les initiatives « Fumée passive et santé » sont la voie à suivre. Les citoyens des cantons romands comprennent très bien que ces initiatives poursuivent un but indéniable de santé publique. Ils sont d'accord avec les juges du Tribunal fédéral lorsque ceux-ci déclarent : « L’interdiction de fumer présente des avantages déterminants : seule une règle claire et sans ambiguïté est à même d’engendrer un réel changement dans les habitudes, tout en évitant de nombreuses difficultés d’interprétation et d’application. » Le vote genevois du 24 février envoie un message aux parlementaires des autres cantons, les enjoignant de soumettre le plus rapidement possible ces initiatives au vote populaire, sans leur opposer de contre-projet. Nous allons tout faire pour que ce message soit entendu 5 sur 5.


(Dossier 08-003 - 2008-02-24)



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